Certains, parce qu’ils y vivent, peignent la mer ou les montagnes, Bourquin, lui, peint les livres et la pensée parce qu’il y vit. Il « désécrit » les livres pour en faire des images, il « dépeint » les tableaux pour en faire des pensées. Pris dans un mouvement plus vaste dans lequel l’image, partout, supplante l’écrit, chez Bourquin notre patrimoine philosophique et littéraire tente de sauver sa peau en prenant la pose en jouant les paysages en devenant à son tour objet de peinture.
A travers de multiples procédés, projection de gouttelettes pour ses séries Concentrations et Cénotaphe, écriture manuscrite pour ses Manuscrits inauthentiques et ses Fausses sentences latines, la peinture de Bourquin est avant tout celle d’un geste artisanal qui s’oppose à l’immédiateté du copier/coller, un geste héroïque contre la société du stockage de masse, un geste ironique contre la puissance de l’oubli, un geste ancestral qui nous ramène aux sources de l’écriture et de l’homme, une révolte du manuscrit contre le tapuscrit.